La filière laitière et lainière
Les tisserands
Le Gévaudan était spécialisé dans la production de laine. Dans de nombreuses maisons de la commune, il y avait un métier à tisser. Des habitants de Rieisse se souviennent que l’on organisait des veillées durant lesquelles on filait la laine avec les enfants afin de confectionner des pelotes.
Cependant, cette pratique s’est perdue avec l’essor du fromage de Roquefort dans les années 1880. Avec l’aménagement du chemin de fer et les innovations de conservation frigorifique, la commercialisation de fromage s’est accrue et devint plus rentable que la laine.
Autrefois, les éleveurs avaient des troupeaux de brebis Caussenarde, une race lainière très rustique. Elle fut petit à petit remplacée par la Lacaune qui avait de meilleurs apports. La Lacaune est réputée pour son lait destiné à la production de fromage Roquefort, l’un des fromages les plus emblématique du territoire.
Les bergers et les laiteries
À Cauquenas, dans les années 1940, il y avait une laiterie. Les paysans emmenaient le lait au Mazel-Bouissy pour la transformation en fromage. Sur l’autre causse, les villageois de Rouveret et de Rieisse produisaient et transportaient le lait à Montignac. Au cours du temps, les petites laiteries disparaissent avec le début de la centralisation.
Rouveret et Rieisse exportent le lait à La Parade, puis Meyrueis et finalement au Massegros. Aujourd’hui, l’affinage des fromages se fait à Roquefort.
À Rouveret, il y avait un gîte pour les bergers qui servait de relais lors des transhumances. Les troupeaux arrivaient de La Malène et venaient dans le pré du propriétaire du relais. La nuit passée, les bêtes repartaient par une draille qui aujourd’hui existe toujours. Sur les versants de la corniche (Tenquo), les brebis y pâturaient. Les bergers descendaient leurs bêtes jusqu’au Tarn pour les abreuver.
Il y avait également des chèvres. Les habitants du causse de Sauveterre disaient de ces chèvres qu’elles étaient « les vaches maigres du causse Méjean », car elles ne produisaient pas autant de lait.
« À La Malène, il y avait au minimum une chèvre à chaque maison. C’était le chevrier communal qui les gardait. Le berger habitait à la cime du village, il descendait au rythme de son troupeau, tout le monde ouvrait la porte pour faire sortir sa chèvre, et le soir quand il revenait, toutes les chèvres connaissaient leur maison, elles rentraient toutes seules chez elles. Dans le village, il devait y avoir près de cent chèvres qui donnaient le lait, on faisait quelques fromages avec le surplus, on tuait le cabri qu’on dégustait en famille. » Extrait du recueil de témoignages de Malénais, réalisé par Anne Gély.
Les exploitations agricoles
Jadis, le territoire était principalement exploité à des fins agricoles. Pour favoriser les cultures, les paysans montaient des terrasses en pierres sèches pour créer des étagements sur les versants qui étaient trop abruptes. Sur ces terrasses, les vignes, les vergers et les jardins étaient omniprésents.
D’après des écrits d’un instituteur du village en 1874, dans la vallée, il y avait des cerisiers, des pêchers, des figuiers ; seules les noix et les amandes étaient exportées. Sur les causses, on cultivait principalement le froment, l’orge le seigle et l’avoine.
Les habitants collectaient des noix et les entreposaient sous les toits des maisons afin de les faire sécher. En grande partie disparues, mais on retrouve encore des noyers isolés en bord de chemin et de route qui confirment cet usage.
La plupart de ces cultures ont quasiment disparu en raison de l’exode rural ou encore avec l’arrivée du phylloxéra parasite des vignes. De plus, dans les années 1950-1960 on abandonne les vignes qui deviennent de moins en moins rentables contrairement aux activités liées au tourisme. Certaines terrasses sont toujours présentes et témoignent de ces activités agricoles passées.
L’agriculture aujourd’hui
De nos jours, sur les causses, une autre forme d’agriculture s’est mise en place. Désormais, les fermes encore bien présentes élèvent la brebis pour la production du lait pour la fabrication du fromage de Roquefort ou autre dérivé tel que le Salakis. Des aménagements sylvo-pastoraux ont permis d’offrir des surfaces de pâturage importantes. les modestes exploitations agricoles ont laissées place à des fermes modernes et fonctionnelles. De vastes bâtiments abritent des centaines de brebis, des hangars à fourrage distribuent la nourriture aux bêtes, des salles de traite entièrement automatisées répondant aux normes sanitaires en vigueur qui facilitent le travail des agriculteurs. Le lait, quotidiennement récolté, va alimenter la centrale laitière toute proche du Massegros. Une fois traité et transformé en fromage ou autre pâte, le Roquefort est dirigé vers les caves de Roquefort pour sa période d’affinage.
La culture de la truffe noire
Au cours des années 1960, quelques habitants recherchent et commercialisent les truffes qui naturellement naissent au pied des chênes bien présents sur le versant ensoleillé des gorges. C’était une activité plutôt marginale. Aujourd’hui, la trufficulture sur la commune s’est développée grâce à la volonté d’autochtones passionnés. De nombreuses terrasses à l’abandon ont étaient remises en valeur. Grâce à la recherche et à la science, de nouvelles variétés d’arbres ont été replantées, favorisant la production de ce champignon. Ce savoir-faire étroitement lié au patrimoine gastronomique local est désormais sauvé. Il ne demande plus qu’à être valorisé, protégé et respecté.