Un peu d’histoire…la Malène au temps de la Révolution

Les Guerres de Religion ont eu un impact fort sur l’identité des peuples du Gévaudan, opposant les catholiques aux protestants. Mais la Révolution est considérée comme l’un des évènements les plus meurtriers de l’histoire du Gévaudan.
À cette époque, il y a de nombreuses tensions politiques concernant la religion ou encore l’économie. Les populations se divisent ce qui alimente les hostilités. Pour certains, la Révolution est un prétexte pour les protestants pour se venger de la guerre des Camisards ; pour d’autres, c’est l’occasion unique d’abolir les privilèges et l’intolérance religieuse. Se confrontent alors les royalistes et les partisans révolutionnaires. La frontière entre les catholiques et les protestants est mince, elle se situe entre les Gorges du Tarn et les Cévennes.

Les Malénais pris au piège

En 1793, Marc-Antoine Charrier, meneur de la Contre-Révolution au Gévaudan, insuffle un soulèvement de la population. Durant le mois de mai, une quinzaine de Malénais, principalement des paysans, vont atteindre l’Armée Chrétienne, basée à Mende pour prêter main forte à Charrier. Quelques jours plus tard, d’autres villageois de La Malène et de Laval-du-Tarn se rallient pour rejoindre eux aussi l’Armée de Charrier. Le groupe compte alors le maire de Laval, des notaires, des voituriers, des tisserands, des paysans, des bergers etc.
En traversant le Causse Sauveterre, près de Choizal, ils aperçoivent un bataillon d’environ 1500 hommes, portant la cocarde blanche, mené par un chef. La troupe proclame « Vive le Roy ! » à l’intention des Malénais et des Lavalais. Croyant avoir affaire à l’armée de Charrier, les villageois vont à leur rencontre pour les saluer. Cependant, ils furent rapidement encerclés et furent prisonniers. Il s’agissait en réalité d’une troupe de protestants, conduite par le capitaine Gardés qui était missionné pour freiner les rébellions et intercepter l’armée de Charrier qui d’après leur information se dirigeait sur Florac. Les prisonniers furent emmenés à Florac pour y être jugés.

La condamnation

Une fois arrivés à Florac, Les prisonniers furent condamnés à morts par le tribunal. Le 11 juin 1793, c’est le jour de la foire à Florac, les royalistes furent conduits à l’échafaud. Ce jour-là, 39 hommes furent guillotinés, dont 21 Malénais. Les corps furent ensevelis dans une fosse commune à Florac. Au cours de cette même semaine, quatre des hommes capturés furent emmenés à Mende pour y être guillotinés en public, en signe d’exemple. Le 17 juillet 1793, Marc-Antoine Charrier fut exécuté à Rodez.

Le village ravagé par les flammes

Dans les Gorges du Tarn, des prêtres réfractaires se cachèrent dans les grottes pour échapper aux républicains. Seuls les paysans locaux connaissaient l’emplacement de ces cachettes, qui pour la plupart, ne sont atteignables qu’en barque. Les réfugiés furent aidés par les habitants qui leur apportèrent des vivres. D’après les habitants, près de Rieisse au Roc des Hourtous, une grotte est surnommée « la Grotte des prêtres ». Elle aurait autrefois servi de refuge.
Durant l’automne de l’année 1793, les troupes Républicaines se rendirent dans les Gorges du Tarn pour débusquer les royalistes qui s’y seraient réfugiés. C’est à cette occasion, le 31 Octobre 1793, que des soldats envahirent le village de La Malène. Durant plusieurs jours, ils pillèrent les maisons de leurs richesses, de leurs meubles et de leurs vivres. Les habitants furent pris en otage et furent chassés des maisons avant que l’on ordonne d’y mettre le feu. Le Rocher de la Barre et certaines maisons de la rue du Barry, conservent encore les traces de cet incendie. On raconte que l’on entreposait les noix sous les toits pour les faire sécher, le feu, créa une fumée noire qui laissa son empreinte sur les murs et les parois rocheuses.
Après ce ravage, les républicains réquisitionnèrent tous les hommes du bourg et les conduisirent aux prisons de Rodez. Ce n’est qu’après plusieurs mois de détention qu’ils purent rejoindre leur village. Nombreux sont les habitants qui décédèrent durant cet hiver.

À la mémoire des martyrs…

Ce n’est que plusieurs décennies plus tard que l’on fit bâtir un lieu funéraire pour les martyrs. En 1859, Clémentine de Thiolier, héritière du château des Montesquieu, engagea les travaux de la construction d’une chapelle dans l’église Saint-Jean-Baptiste.
Les habitants de La Malène récupérèrent les dépouilles des martyrs, situées à Florac. Elles furent inhumées dans le tombeau se trouvant au centre de la pièce, sous la dalle inscrite « interfecti mei resurgent » qui signifie « ceux qui sont morts pour moi ressusciteront ».
Depuis ce funeste événement, lorsque les cloches de l’église sonnent à midi, elles émettent premièrement trois coups (en signe de la trinité) puis vingt-et-un coups en mémoire des martyrs de La Malène.