La truffe noire du Périgord (Mélanosporum) est un champignon très apprécié pour son parfum par les fins gourmets internationaux. Elle est présente en Lozère sur les sols calcaires et notamment dans les Gorges du Tarn. C’est un champignon qui a besoin d’un arbre hôte (souvent le chêne) et d’un milieu ouvert (le soleil doit éclairer le sol…). Il est connu depuis l’antiquité. Les Romains ont commencé à modifier le paysage de nos pentes en cultivant la vigne et l’amandier. Sans nul doute, ils ont consommé notre truffe locale qu’ils considéraient comme un présent des dieux.
L’âge d’or de la truffe en France et également en Lozère correspond aux trente dernières années du XIXe siècle. Il fut le résultat d’une déforestation suivie de la mise en culture des essarts après la Révolution. Un peu plus tard, la crise du phylloxera permit une nouvelle extension des truffières naturelles sur les vignes abandonnées. Au début du xxe siècle, la production en France dépassait 1 000 tonnes chaque année et pour la Lozère, on l’estime à plusieurs tonnes. Cette production lozérienne provenait uniquement de truffières sauvages, entretenues plus ou moins volontairement par le pâturage et « la feuille » (taille des arbres pour le nourrissage hivernal des animaux). Malheureusement, avec l’abandon progressif de l’agriculture dans les Gorges, après la guerre, la production a chuté au fur et à mesure de l’embroussaillement des cultures et des pentes : pas de soleil au sol = pas de truffe !
La création du Syndicat des Trufficulteurs Lozériens dans les années 1980 (président : M. Laboureur) a permis de réaliser les premières plantations d’arbres truffiers à racines nues sur d’anciennes parcelles agricoles, notamment dans la commune de La Malène (Les Mons et Les Détroits). Dans les années 1990, le Syndicat (président : M. Mirmand) a connu une extension importante. L’aide du conseil régional et l’arrivée de plants mycorhizés en godets, certifiés par l’INRA ont permis un renouveau des plantations. Ces dix dernières années, ce sont plus de 10 000 arbres truffiers et 31 hectares qui ont été plantés par une partie des 80 membres du Syndicat des trufficulteurs Lozériens dont la grande majorité dans les Gorges. Plus de 80 plantations existent à ce jour entre Les Vignes et Florac, sur des superficies allant de quelques centiares à plusieurs hectares, mettant en valeur notre patrimoine local. Sur la Commune de La Malène, on peut en compter une quinzaine dont une de plusieurs hectares au lieu-dit « Las Fores ».
Ainsi chaque année, d’anciennes vignes sont défrichées et de nombreux « bancels », « plonques » ou terrasses réapparaissent au détour des ravins. Les « mazets » de vignes sont parfois restaurés, redonnant vie à nos paysages disparus. La production est devenue non négligeable et malgré la relative petite taille des truffes des Gorges, elles sont appréciées unanimement pour leurs puissants arômes. Le marché de la truffe qui a lieu tous les ans à La Canourgue, montre avec ses milliers de visiteurs et plusieurs kilos vendus, l’attrait du diamant noir lozérien et contribue par la même à la préservation de notre patrimoine.
M. Perségol Didier, le 19/10/2018 (Président du Syndicat des Trufficulteurs Lozériens)